Des avocats indépendants, une nécessité
Le 25 octobre 2024, ce sera la journée européenne des avocats. Cette année, cette journée européenne des avocats est consacrée à l'indépendance de l'avocat, un sujet qui tient à cœur au président Peter Callens.
"Le matin du 13 octobre, une bombe a explosé devant un cabinet d'avocats d'Amsterdam. Les avocats qui y travaillent pratiquent l'action sociale, que nous appelons pro bono. Nous ne connaissons pas le contexte des événements, mais la menace qu'ils représentent est palpable. Le harcèlement des avocats est un problème grave qui requiert une attention constante.
Aujourd'hui, 25 octobre, c'est la Journée européenne des avocats, consacrée cette année à l'indépendance de la profession. Pour qu'un avocat soit digne de son titre professionnel, il doit être indépendant. Qu'est-ce que cela signifie et pourquoi est-ce important ?
Les règles professionnelles de la profession d'avocat sont on ne peut plus claires : l'avocat doit être indépendant. Cela signifie qu'il n'est pas guidé par la pression de ses propres intérêts ou de ceux d'autres parties : seul l'intérêt du client compte. Les influences extérieures sont inadmissibles.
L'avocat ne se préoccupe que de l'intérêt du client et regarde le problème avec une certaine distance. Ce n'est qu'à cette condition que l'avocat peut conseiller et défendre correctement son client. L'avocat est le guide de confiance dans les moments difficiles, même lorsque tous les autres ont abandonné le client. C'est à l'avocat que le client confie ses secrets les mieux gardés, sans crainte de fuites. L'avocat n'est pas là pour faire plaisir aux autres, pas même au juge. L'avocat va pour son client et uniquement pour son client.
Si l'avocat se laissait guider par les intérêts d'autrui, ses conseils ne seraient plus fiables et donc sans valeur.
Serions-nous socialement mieux lotis si le gouvernement supervisait les avocats ? La réponse à cette question est : non. La particularité de notre profession est que nous sommes totalement indépendants des gouvernements. Les avocats doivent pouvoir conseiller et s'exprimer librement, sans crainte de représailles de la part du gouvernement. Un avocat qui a peur n'est tout simplement pas un avocat.
Ce principe est une règle que la profession d'avocat s'est traditionnellement imposée à elle-même. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Pas plus tard que le 29 juillet 2024, la Cour de justice de l'Union européenne à Luxembourg(affaire C-623/22) l'a confirmé : la mission de l'avocat comprend "l'exigence, reconnue comme importante dans tous les États membres, selon laquelle tout justiciable doit avoir la possibilité de consulter librement un avocat, dont la profession consiste essentiellement à donner des conseils juridiques indépendants à toute personne qui en a besoin".
Malheureusement, les gouvernements ne prennent pas toujours cette indépendance au sérieux. Les avocats qui révèlent les abus sont des denrées de première nécessité, mais ils ne sont pas aimés. Dans les régimes qui ne respectent pas les droits de l'homme, les avocats sont soumis à des pressions, menacés physiquement ou persécutés. Tout simplement parce qu'ils font leur travail en défendant leurs clients. Les excès de ce genre dans des pays comme l'Iran, la Biélorussie, la Russie, la Tunisie ou la Chine font parfois les choux gras de la presse. Malheureusement, l'accoutumance s'installe et d'autres abus graves restent sous le radar. C'est inquiétant.
Tout aussi inquiétant est le fait que, plus près de nous, même chez nous, les avocats sont intimidés. Dans certains cas, des avocats ont été arrêtés, ce qui a entraîné d'énormes souffrances personnelles, parce qu'ils avaient été identifiés à tort avec les actions de leurs clients. Heureusement, nous vivons dans un pays où de telles malversations restent rares, mais la vigilance reste de mise.
Plus récemment, le syndicat du crime a également commencé à s'attaquer aux avocats. Ce phénomène inquiétant a atteint un point culminant en 2019, aussi surprenant qu'horrible, avec l'assassinat de l'avocat Derk Wiersum. Le danger d'être influencé par des criminels est très concret de nos jours, même parmi nous. La sauvegarde de l'indépendance de l'avocat est donc un sujet qui nécessite une attention sans faille de la part de chacun.
Pour que les avocats puissent défendre pleinement leurs clients en toute indépendance, ils doivent pouvoir s'appuyer sur un Barreau également indépendant. Un Barreau contrôlé par le gouvernement ne serait plus en mesure de garantir l'indépendance des avocats. Dans de nombreuses affaires, les citoyens sont confrontés au gouvernement. C'est toujours le cas dans les affaires pénales, mais aussi dans les affaires fiscales ou administratives, comme les litiges relatifs aux permis de construire ou autres. Très souvent, le citoyen met en cause la responsabilité de l'administration, en raison d'erreurs ou d'omissions. Les avocats doivent pouvoir agir dans ces cas contre toutes les autorités, sans entrave ni crainte, sans discrimination.
C'est pour cette raison que les Ordres des Avocats agissent en "autorégulation", c'est-à-dire sans ingérence gouvernementale. La Cour européenne des droits de l'homme en a souligné l'importance dans les affaires Jankauskas (2) et Namazov. Même les juges n'ont pas à donner d'instructions aux avocats sur la manière dont ils perçoivent la défense de leurs clients. Si les citoyens veulent une protection juridique efficace, il est hors de question que les pouvoirs publics contrôlent la profession d'avocat.
Qu'on ne s'y trompe pas : les avocats ne sont pas au-dessus de la loi. Ils ne doivent pas aider leurs clients à enfreindre la loi. S'ils le font, ils peuvent être poursuivis. Mais, incidemment, c'est la profession elle-même qui juge de leur conduite, par le biais du droit disciplinaire. Au cours des deux dernières années, rien qu'en Flandre, les conseils de discipline ont radié 26 avocats pour faute déontologique. Il n'y a pas de quoi être fier, si ce n'est de la rigueur des titulaires, des conseils de discipline et de l'autorégulation.
L'indépendance de la profession d'avocat est, sans exagération, un fondement de la démocratie".