Aller au contenu
7/07/23
Sofie Demeyer

Over een advocaat die jongeren warm probeert te maken voor haar beroep.

Yasmina El Kaddouri est une avocate gantoise qui travaille pour l'association sans but lucratif TAJO depuis près de 5 ans. Elle initie les jeunes à la profession d'avocat. Nous l'avons interviewée à ce sujet.

Tout d'abord, parlez-nous un peu du vzw TAJO

M. El Kaddouri : Sous la devise"seuls ceux qui se voient offrir des opportunités peuvent les saisir", l'asbl TAJO se préoccupe du sort des jeunes socialement vulnérables dans les régions de Gand et de Courtrai. Par le biais d'ateliers pratiques interactifs, elle fait découvrir aux jeunes de 10 à 14 ans un large éventail de professions afin de les informer, mais aussi de les motiver et de leur faire croire que s'ils font de leur mieux aujourd'hui, ils pourront aussi exceller dans ces professions plus tard.

Comment avez-vous atterri dans l'organisation à but non lucratif TAJO ?

M. El Kaddouri: Christine Mussche, un des associés du cabinet d'avocats où je travaille, connaît quelqu'un qui siège au conseil d'administration de TAJO asbl. Il m'a demandé si le cabinet pouvait organiser une journée sur le thème du droit pour TAJO asbl. M. Mussche sait que des projets comme celui de TAJO me tiennent à cœur et elle m'a demandé si cela m'intéresserait d'y réfléchir. Le projet a rapidement pris de l'ampleur et nous emmenons maintenant des jeunes au tribunal pendant une journée entière deux fois par an.

Que faites-vous exactement pour l'organisation à but non lucratif TAJO ?

M. El Kaddouri: J'ai élaboré une journée thématique au cours de laquelle les jeunes passent une journée entière dans le rôle d'un avocat, d'un juge ou d'un procureur. Inspiré par l'histoire tragique de Mawda, 2 ans, fille de réfugiés tués lors d'une course-poursuite avec la police, j'ai élaboré une histoire qui sert de base à un procès que les jeunes mènent eux-mêmes.

Comment l'imaginer ?

M. El Kaddouri: Les jeunes sont divisés en groupes et chaque groupe a un rôle particulier. Il y a un groupe d'avocats pour les policiers, un groupe d'avocats pour la victime et un autre groupe d'avocats qui défendent les parents de la jeune fille décédée. Les trafiquants d'êtres humains forment un troisième groupe, un quatrième groupe joue le rôle du juge et un autre celui du procureur. Chaque groupe se voit ensuite attribuer un enseignant fixe qui les guide et, selon le rôle du groupe, prépare avec eux, par exemple, une plaidoirie ou un procureur, qu'ils présenteront ensuite dans une salle d'audience du tribunal de Gand. Chaque année, je m'engage à gérer et à coordonner tout cela, bien sûr avec le soutien des superviseurs de TAJO.

Les avocats et les magistrats pourront-ils également porter une robe ?

M. El Kaddouri: Oui ! Grâce au réseau que nous avons construit ces dernières années, nous disposons de suffisamment de robes pour que toutes les parties puissent porter la bonne. Nous travaillons également avec du matériel interactif : les jeunes reçoivent des "antisèches" contenant un certain nombre de phrases types et des explications sur les coutumes du tribunal, par exemple, et sur la manière de s'adresser au juge, au procureur ou à l'avocat.

En outre, ils bénéficient d'une visite du palais de justice de Gand, où nous leur montrons les salles d'audience, la cellule de transit où sont enfermés les prisonniers en attente de leur procès et la salle de délibération des juges. Les jeunes qui jouent le rôle de juge délibèrent effectivement dans cette salle pour arriver à une décision avec laquelle, comme dans la vraie vie, ils reviennent ensuite pour la prononcer dans la salle d'audience. Ainsi, avec le vocabulaire adéquat et dans un cadre tout à fait réel, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour donner à ces jeunes une idée de ce qu'est un vrai tribunal et c'est une véritable expérience pour eux .

Avez-vous l'intention de donner aux jeunes l'envie de devenir avocats ou d'étudier le droit ?

M. El Kaddouri: Oui, bien sûr, c'est l'objectif ultime : motiver et inspirer les jeunes pour qu'ils entrent ensuite dans le monde de la justice. Et nous avons eu un certain succès à cet égard.

Pendant ces deux jours, j'essaie toujours d'avoir une conversation avec les jeunes et de leur demander ce qu'ils se voient faire plus tard. On s'aperçoit alors que certains jeunes sont très éloquents et communicatifs et qu'ils rêvent de devenir avocats ou juges. Nous leur donnons alors un coup de pouce supplémentaire en leur remettant, à la fin de la journée thématique, un rapport sur les points forts et les talents que nous avons remarqués chez chacun d'entre eux.

Nous sommes également toujours prêts à répondre à leurs questions parfois très pratiques, telles que : où se trouvent les universités où je peux étudier le droit, combien coûtent les études de droit, quelle est la meilleure filière à suivre dans l'enseignement secondaire... ? Il s'agit souvent de jeunes qui, dans leur famille, sont les premiers à avoir la chance de poursuivre des études, c'est-à-dire des étudiants de la première génération. Je suis moi-même un étudiant de la première génération et j'ai souvent manqué de modèle. J'essaie de combler ce manque chez les jeunes en partageant mes expériences avec eux et en leur montrant que l'enseignement supérieur est à leur portée.

J'aime attiser la flamme chez ces jeunes, leur faire croire en eux pour qu'ils réalisent leur rêve.

Dans ma famille, j'ai été la première à avoir la chance de poursuivre des études, j'ai souvent manqué de modèle à l'époque. Aujourd'hui, j'essaie de combler cette lacune en partageant mon expérience avec les jeunes et en leur montrant qu'une éducation supérieure est également à leur portée.
Yasmina El Kaddouri, avocate

Quand avez-vous su que vous alliez étudier le droit et que vous vouliez devenir avocat ?

M. El Kaddouri: Je l'ai su très tôt. Enfant, je m'exprimais très bien et j'avais déjà un avis sur beaucoup de choses. Mes parents, mes oncles et mes tantes m'appelaient souvent "le petit avocat". Puis, en grandissant, j'ai senti que j'avais un grand sens de la justice et je me mettais souvent en colère contre les injustices du monde.

Au lycée, j'ai été en contact avec deux organisations qui enseignaient aux jeunes comment débattre de questions socialement pertinentes avec pour mission de trouver une solution à la fin du débat. Cela impliquait beaucoup de recherches et d'enquêtes, mais aussi beaucoup de négociations et de compromis. Je trouvais cela super et j'étais plutôt douée. J'ai eu envie d'en faire quelque chose. J'ai longtemps hésité à étudier les sciences politiques, mais j'ai finalement choisi le droit parce que je pensais qu'en tant qu'avocat, on pouvait défendre les droits de quelqu'un. C'était et c'est toujours ce qui me motive à travailler comme juriste.

Vous engagez-vous encore auprès d'autres associations caritatives ?

M. El Kaddouri: Pas comme je le fais pour TAJO asbl mais je suis toujours à la disposition des jeunes qui viennent me voir pour des questions d'aide aux devoirs ou des questions sur les études au collège ou à l'université. Je les écoute, je les conseille et parfois je les oriente un peu.

Que retirez-vous de votre pratique juridique dans votre travail bénévole à TAJO ?

M. El Kaddouri: Le jour du procès de TAJO, il est très important de transmettre un message complexe à ces jeunes d'une manière très accessible et, à mon avis, c'est aussi une qualité presque nécessaire d'un bon avocat : expliquer des questions difficiles et complexes d'une manière compréhensible. C'est pourquoi je mets à profit mon expérience d'avocate dans le cadre de mon bénévolat à TAJO.

Et inversement, tirez-vous quelque chose de ce travail bénévole dans votre travail d'avocat ?

M. El Kaddouri: Mais oui, sans aucun doute ! Lorsque vous passez une journée entière avec ces jeunes, ils vous posent des questions très honnêtes sur l'avenir, sur la société et sur la profession d'avocat, et ils me remettent toujours les deux pieds sur terre. Je réalise alors à chaque fois que c'est pour cela que je fais ce métier, qu'il est si important que je continue à me consacrer à 100 % à mon métier d'avocat. C'est pourquoi j'aborde toujours les gens sans préjugés et sans parti pris.