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26/09/23
Sofie Demeyer

Un avocat passionné par le droit de l'immigration aide une organisation à but non lucratif pour les réfugiés

Pendant ses études de droit, Marileen Vandenberghe s'est passionnée pour le droit de l'immigration et c'est ainsi qu'elle s'est retrouvée bénévole au sein de l'asbl Bij Ons Thuis, une organisation bénévole qui se consacre à l'accueil, à l'orientation et au soutien des migrants et des réfugiés à Aarschot et dans le Hageland. Au début, alors qu'elle n'était pas encore avocate, elle aidait déjà l'asbl en lui donnant des conseils juridiques, mais maintenant qu'elle est avocate, elle entame également des procédures en matière de droit de l'immigration lorsque cela s'avère nécessaire.

Comment êtes-vous entré en contact avec l'organisation à but non lucratif At Our Home ?

M. Marileen Vandenberghe : C'est en fait une coïncidence. Au gymnase, j'ai entendu des gens parler de quelque chose en rapport avec les étrangers, nous avons discuté et j'ai été invitée à une soirée d'introduction de l'ASBL pour les nouveaux bénévoles et c'est ainsi que j'ai commencé à travailler dans ce domaine. Je n'étais pas avocate à l'époque, car après mes études de droit, je n'ai pas trouvé tout de suite un cabinet d'avocats où je pouvais faire un stage, et j'ai donc d'abord travaillé comme avocate en droit de l'immigration pendant quatre ans.

Au début, je ne faisais que donner des conseils juridiques au sein de l'organisation à but non lucratif, mais une fois que je suis devenue avocate, je pouvais aussi ouvrir des dossiers s'il y avait des procédures à mener en matière de droit de l'immigration. Si des personnes ont besoin de conseils juridiques dans un domaine où je suis moins à l'aise (un conflit locatif, une contravention, un divorce, ...), l'ASBL peut faire appel à d'autres avocats qui l'aident dans la mesure du possible.

À quelle fréquence faites-vous du bénévolat pour l'organisation à but non lucratif ?

M. Marileen Vandenberghe : Cela ne se fait pas à heures fixes ou pendant une heure de consultation, je donne des conseils quand on me les demande, les bénévoles de l'asbl me connaissent et savent comment me joindre.

L'organisation à but non lucratif ne se contente pas de donner des conseils juridiques, n'est-ce pas ?

M. Marileen Vandenberghe : En effet, je ne suis qu'un tout petit rouage de l'asbl . L'asbl représente toute une série d'activités, par exemple l'asbl a transformé une maison à Aarschot en maison pour réfugiés, mais il y a aussi des particuliers qui accueillent des migrants et des réfugiés. Il s'agit alors, par exemple, d'une personne qui reste parfois pendant des mois jusqu'à ce qu'une décision soit prise concernant sa demande d'asile. Au total, l'association héberge ainsi environ 25 personnes : hommes seuls, femmes seules ou familles avec enfants, et comme de nombreuses nationalités différentes sont souvent logées sous le même toit, cela crée parfois une sacrée ambiance !

Par ailleurs, l'asbl conseille également quelque 65 familles qui ont un titre de séjour mais qui ont du mal à démarrer. Une fois le droit de séjour obtenu, elles se voient attribuer un "buddy" qui les aide à trouver un logement, un travail ou une école pour les enfants. Cela se fait souvent en étroite collaboration avec le CPAS, le TCA et d'autres organisations.

L'association sans but lucratif compte environ 120 bénévoles et chacun décide du nombre et des tâches qu'il souhaite accomplir. Certains aident les enfants à faire leurs devoirs, d'autres à rédiger une lettre de candidature, d'autres encore donnent des cours de vélo, de natation ou de conduite. En bref : l'ASBL tente de répondre à toutes les demandes d'aide possibles et y parvient généralement. Bien entendu, des bénévoles sont également nécessaires pour organiser des activités visant à collecter des fonds pour l'association. Chaque année, il y a la journée des sauces. Cette année, nous avons fabriqué et vendu plus de 1 200 litres de sauce, ce qui a représenté un véritable défi en termes d'organisation !

M. Marileen Vandenberghe : Nos volontaires veulent également être informés et je propose donc une formation sur l'asile et la migration, quelqu'un d'autre parle de la communication autour de la migration, mais toute la question du logement ou des soins médicaux pour les migrants est également soulevée. Les bénévoles veulent comprendre les problèmes que rencontrent les personnes qu'ils accompagnent afin de les aider de manière plus ciblée.

L'attention portée aux bénévoles est au moins aussi importante que celle portée aux migrants et aux réfugiés.

Dans le cadre de mon travail au sein d'une organisation à but non lucratif, j'essaie toujours d'approcher la personne étrangère et j'en tiens compte dans mon travail d'avocat.
Marileen Vandenberghe

Que retenez-vous de votre travail d'avocat dans votre travail de bénévole ?

M. Marileen Vandenberghe : Je constate que la théorie et la pratique sont souvent éloignées. Je vais donner un exemple : une procédure de regroupement familial pour une famille afghane, une demande doit être introduite et la loi prescrit quels documents doivent être ajoutés, ce qui semble assez clair. Mais il n'y a pas d'ambassade belge en Afghanistan, la demande doit être introduite à Islamabad (Pakistan) et ce n'est pas toujours facile, simplement à cause de la distance. Si le mari est en Belgique et que sa femme et ses enfants veulent venir en Belgique, ce n'est pas évident car pour les femmes afghanes, il est pratiquement impossible de parcourir de longues distances sans une escorte masculine.

Il y a donc toutes sortes de seuils dont il faut tenir compte en tant qu'avocat, mais qui ne font pas perdre le sommeil aux autorités chargées de l'asile. Peu à peu, on apprend aussi à réfléchir avec eux à des solutions à un certain nombre de problèmes pratiques, comme l'obtention d'un rendez-vous à l'ambassade d'Islamabad.

Enfin, que tirez-vous de votre travail bénévole dans votre pratique du droit ?

M. Marileen Vandenberghe : Je trouve difficile que les autorités chargées de l'asile n'abordent plus les étrangers comme des personnes mais comme des dossiers, des dossiers qui doivent remplir certaines conditions. Reprenons l'exemple du regroupement familial. Ils se contentent de vérifier si tous les documents sont là, mais ils ne tiennent pas compte des problèmes pratiques qui se posent, et l'empathie fait souvent défaut. Dans le cadre de mon travail au sein de l'organisation à but non lucratif, j'essaie toujours d'approcher la personne dans l'étranger et j'en tiens également compte dans ma pratique du droit. Bien sûr, ce n'est pas toujours évident, car je suis parfois plus un psychologue ou un assistant social, alors qu'on attend de moi que je fournisse un travail juridique à la fin de la journée.