Salduz
La loi Salduz protège les personnes suspectées et donc interrogées. Cette loi stipule qu'en tant que suspect, vous avez le droit à une consultation confidentielle préalable avec un avocat et le droit à l'assistance de cet avocat pendant l'interrogatoire.
Qu'est-ce que Salduz et pourquoi est-ce important ?
Salduz garantit aux suspects le droit à un avocat lors des interrogatoires de police. Ce droit découle d'un arrêt important rendu par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) en 2008. Cet arrêt a eu des conséquences majeures sur le droit pénal en Europe, y compris en Belgique.
L'affaire Salduz
Yusuf Salduz, un mineur originaire de Turquie, a été arrêté en 2001 parce qu'il était soupçonné d'avoir participé à une manifestation illégale. Il a été interrogé par la police sans la présence d'un avocat. Au cours de cet interrogatoire, il a avoué les faits. Il s'est ensuite rétracté, affirmant avoir subi des pressions et des agressions physiques de la part de la police. Pourtant, il a été condamné sur la base de ses déclarations initiales.
La Cour européenne des droits de l'homme a jugé que cela constituait une violation du droit à un procès équitable (article 6 de la CEDH). La Cour a déclaré qu'un suspect a le droit d'être assisté d'un avocat dès le premier interrogatoire. Cela signifie que la police ne peut pas simplement interroger une personne sans lui permettre de parler d'abord à un avocat, car cela compromettrait son droit à la défense.
Impact sur la Belgique
L'arrêt Salduz a eu un impact majeur sur le système juridique belge. L'introduction de la loi Salduz en 2011 et de la loi Salduz bis en 2016 a renforcé les droits des suspects avant et pendant l'interrogatoire. Ces droits sont les suivants
- Droit à une consultation confidentielle préalable avec l'avocat : un suspect doit être informé de son droit à être représenté par un avocat et ne peut être interrogé sans cette explication. En d'autres termes, le suspect est libre de parler de l'affaire avec l'avocat sans que personne ne le regarde ou ne l'écoute. Le suspect a droit à une consultation confidentielle préalable avec l'avocat dans les deux heures, qui peut également se faire par téléphone.
- Assistance pendant l'interrogatoire : un avocat peut être présent et intervenir pendant l'interrogatoire de la police pour protéger les droits du suspect. En effet, un avocat sait parfaitement ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas au cours d'un interrogatoire de police.
Un suspect peut désigner son propre avocat ou en obtenir un par l'intermédiaire de Salduzweb.
Un suspect adulte peut renoncer à ce droit s'il estime ne pas avoir besoin d'un avocat. Toutefois, une consultation est toujours utile. Un avocat aide, dans tous les cas, à faire une déclaration structurée et cohérente, protège contre les pressions éventuelles de la police et vérifie qu'ils respectent les règles. L'avocat peut intervenir en cas de violation des droits et peut interrompre l'interrogatoire une fois pour une consultation confidentielle supplémentaire. Les suspects mineurs ne peuvent pas renoncer à ce droit, quels que soient les faits.
Pourquoi Salduz est-il important ?
Salduz protège les suspects contre les interrogatoires inéquitables et les aveux forcés. Il contribue à prévenir les abus de la part des autorités et à garantir l'équité des affaires pénales. Grâce à ces règles, les accusés bénéficient d'une meilleure défense et il y a moins de risques de condamnations injustifiées. C'est essentiel pour une société juste où chacun bénéficie d'un procès équitable.
Qui a droit à quelle aide ?
Toute personne arrêtée par la police ou une autorité judiciaire en Belgique a droit, par l'intermédiaire de Salduz, à une assistance juridique dès le moment de son arrestation ou de sa détention.
La police divise les interrogatoires en différentes catégories, qui s'accompagnent de droits différents :
- Catégorie 4 : pour un suspect de crime privé de liberté. Elle a droit à une consultation confidentielle avant le premier interrogatoire (ou à une consultation supplémentaire pendant l'interrogatoire) et à l'assistance d'un avocat (par l'intermédiaire de Salduzweb ou de l'avocat de son choix).
- Catégorie 3 : Pour un suspect de crime qui n'a pas été privé de liberté. Il a droit à une consultation confidentielle et à l'assistance d'un avocat pendant l'interrogatoire.
- Catégorie 2 : pour une personne soupçonnée d'un crime non passible d'une peine privative de liberté. L'assistance d'un avocat pendant l'interrogatoire peut être fournie, mais n'est pas obligatoire.
- Catégorie 1 : pour les témoins et les victimes (pas de suspect). L'assistance d'un avocat peut être fournie lors de l'interrogatoire, mais ce n'est pas une obligation.