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12/05/23

Téléphone de la police pour un test au détecteur de mensonges ? Voici ce que vous devez savoir

"Êtes-vous prêt à passer au détecteur de mensonges ? C'est une question que la police ose apparemment aussi poser par téléphone si vous êtes soupçonné d'un délit. Cela peut-il se faire sans la présence d'un avocat ou s'agit-il d'une tentative de porter atteinte à vos droits en tant que suspect ? Nous nous sommes penchés sur la question.

Si vous êtes soupçonné d'un délit, il se peut que l'on vous demande si vous acceptez de vous soumettre à un test polygraphique. Ce test est mieux connu sous le nom de polygraphe. Mais peut-on vous poser cette question sans la présence de votre avocat ? Nous sommes critiques à cet égard.

Etre invité à participer à un test

Vous l'avez peut-être déjà lu : nous sommes opposés à l'utilisation du détecteur de mensonges.

Il est toujours important de respecter les droits d'un suspect. L'un de ces droits est le choix de participer ou non à un test polygraphique. Pour s'assurer que les suspects font ce choix en toute connaissance de cause, ils doivent signer un formulaire de consentement en présence de l'avocat.

Nous pensons que ce choix est compromis lorsque vous recevez soudainement un appel téléphonique de la police. Allez-vous simplement refuser ou en référer à votre avocat ? Heureusement, tout consentement verbal n'est pas contraignant. En fait, vous devez signer un pv de consentement et vous pouvez retirer une promesse téléphonique. Même si la police et le juge ne tirent pas réellement de conséquences de votre attitude et de vos choix, ils peuvent en tenir compte dans un coin de leur tête. Il s'agit là de quelque chose d'humain.

C'est pourquoi nous trouvons problématique qu'un avocat ne puisse pas être impliqué dès la demande initiale de participation.

La demande de consentement constitue-t-elle déjà un interrogatoire ?

Si la réponse à cette question est "oui", toutes les conditions d'un interrogatoire doivent de toute façon être respectées.

Seulement : il n'existe pas de définition juridique positive d'un "interrogatoire". Il n'est pas déraisonnable d'affirmer que le fait de demander à participer à un test au détecteur de mensonges fait déjà partie d'une enquête visant à découvrir la vérité et qu'il s'agit donc d'un interrogatoire.

Mais le consentement à un test ADN, par exemple, n'est pas considéré comme un interrogatoire. Ces résultats ont une plus grande valeur probante et donc des conséquences (juridiques) plus importantes qu'un test au détecteur de mensonges. Si l'on suit ce raisonnement, demander à participer à un test polygraphique n'est donc pas un interrogatoire.

Même dans ce cas, il est important de faire appel à un avocat

Une circulaire ministérielle du 22 avril 2022 précise qu'il doit être clair dès le départ qu'en tant que suspect, vous avez le droit d'être assisté d'un avocat. Il y a une distinction entre un premier entretien (avec un premier consentement) et un entretien juste avant le début du test (avec un second consentement).

Dès ce premier moment, la police devrait explicitement dire qu'en tant que suspect, vous avez le droit d'être assisté d'un avocat. En outre, la procédure décrite semble supposer que le suspect est physiquement présent. Nous recommandons donc, pour des raisons à la fois pratiques et juridiques, que la question de la participation à un tel test soit toujours posée en présence de l'avocat.

En bref, vous recevez un appel pour participer à un test au détecteur de mensonges ? Contactez d'abord votre avocat !